On connaît toutes sortes de chiens « de travail ». Il y a les chiens de berger, les chiens policiers, les chiens sauveteurs, les chiens d’attaque, les chiens de défense, les chiens de protection, les chiens douaniers, les chiens sauveteurs, les chiens guides d’aveugles, les chiens de traineaux, les chiens champions d’agility ou d’obéissance…
Tous ces chiens, lorsqu’ils sont destinés à telle ou telle activité, sont d’abord soumis à un apprentissage parfois très long. Il faut que le chien comprenne ce qu’on attend de lui puis qu’il s’y exerce avant de pouvoir accomplir les tâches attendues de lui sans faillir ni se tromper. Certaines personnes appellent cela du dressage, d’autres de l’éducation. Il s’agit de toute façon d’un conditionnement de l’animal.
Cet apprentissage ne peut produire un chien compétent à long terme que s’il est pratiqué avec douceur, patience et complicité avec l’animal en créant une relation saine basée sur le respect mutuel. Les apprentissages prodigués dans la peur et la crainte de l’homme sont efficaces sur l’instant. Mais avec le temps la maltraitance répétée conduit bien souvent à des animaux qui peuvent s’avérer dangereux et inaptes au travail pour lequel ils étaient destinés.
Pour les chiens de compagnie, il n’en est rien. On estime qu’ils doivent savoir de façon innée ou intuitive ce que l’on attend d’eux. Et pourtant beaucoup de nos attentes sont très éloignées de la nature propre du chien, comment pourraient-ils s’y conformer d’eux-mêmes ?
Dès qu’ils arrivent chez nous (souvent dès deux mois !) ils doivent dans un temps record :
- Comprendre qu’il faut faire ses besoins ici mais surtout pas là.
- Savoir qu’il est possible de déchiqueter cette peluche ci mais pas celle là.
- Deviner (au milieu de toutes les choses à portée) celles que l’on peut prendre et celles qu’il faut laisser.
- Accéder à la nourriture laissée par terre mais pas celle laissée sur la table basse.
- Respecter le fait que l’on peut se coucher ici mais pas là, même s’il n’y a personne pour l’en empêcher.
- Ne jamais grogner ou montrer les dents même si on leur fait mal.
- Ne pas flairer ou ingurgiter certaines choses. Alors qu’elles sont délectables.
- Se montrer agréables avec tous les invités, les amis (sans pour autant sauter dessus) et désagréables avec les intrus.
- Se rendre continuellement disponible pour les caresses et les jeux, même si on a envie de dormir.
- Être d’humeur égale.
- Ne pas se précipiter vers les autres chiens quand enfin on se trouve en présence d’un congénère.
- Ne pas avoir peur ni s’enfuir devant toutes ces choses inconnues et effrayantes que l’on découvre dans la rue.
- Savoir quand il est de bon ton d’aboyer.
- Deviner, dans un lieu inconnu, ce qu’il est permis d’y faire !
- Ne pas toucher aux chats, souris, lapins nains, furets… sans qu’il y ait eu socialisation à ces espèces. Alors que le chien est un prédateur…
- Etc.…
Et quelle aide apportons-nous aux chiens pour qu’ils puissent répondre, voire anticiper toutes nos attentes ? Le plus souvent ils prennent juste une claque quand ils ne produisent pas le bon comportement. Je me pose souvent une question : qui est le cerveau supérieur ? La longue chaîne de l’évolution semble placer l’homme en position dominante pour le développement cérébral. Dans ce cas-là, est-ce au chien qui possède un cerveau bien moins abouti de deviner, comprendre et même de devancer nos attentes ? Ou bien à l’homme, qui s’enorgueillit de maitriser les règles de la domestication, de la communication et du conditionnement, d’apprendre à son chien de compagnie ce qu’il attend de lui … ?
Le chien domestique observe l’homme sans arrêt et il est passé maître dans le décryptage de nos émotions et de nos intentions. Il est d’une adaptabilité incroyable. Ne pouvons-nous pas faire un petit bout de chemin également, et avec notre si formidable cerveau, essayer de temps en temps de voir le point de vue du chien de façon à nous apercevoir que quelquefois nous lui en demandons beaucoup trop ou que nous le lui demandons si mal. Lorsque nous accueillons un nouvel animal dans notre foyer, prenons le temps de lui expliquer, de lui monter ce qu’on attend de lui. Le chien ne peut pas apprendre à ne pas faire…
Apprenons-lui alors directement le bon comportement au lieu de réprimer celui qu’on veut voir disparaître. Soyons conscients qu’il y a des réalités humaines qui sont incompréhensibles pour les chiens : les notions de propriété, de vol, de vengeance, de jalousie, de punition… Par exemple pour un chien de la nourriture laissée est… abandonnée donc disponible ! Les chiens s’adaptent souvent à nos exigences les plus folles. Et si la plus part du temps la cohabitation se passe sereinement, elle génère quelquefois une grande souffrance psychique pour l’animal. Alors aidons-les à apprendre ce difficile métier de chien de compagnie et à devenir des chiens à l’aise au sein de notre maison. Merci pour eux.
Françoise Lermite.